La commanderie de Ramersdorf

1. Les bâtiments :

« Le groupe des bâtiments qui composaient la commanderie avait été construit sans ordre précis, au fur et à mesure du temps, à partir d’une résidence rectangulaire, de six travées de large et deux niveaux en hauteur, flanquée au milieu de sa façade extérieure d’une avancée en pignon. Accotée au flanc droit de cette avancée, dans l’angle que celle-ci faisait avec l’alignement de la façade, était une tour hors d’œuvre circulaire, de même hauteur que le reste, qui abritait l’escalier à vis desservant par l’intérieur les étages. Le bâti s’était étendu à droite et à gauche de cette résidence principale, dans le prolongement de la ligne faîtière, formant une succession de corps d’importances diverses, en avant ou en retrait de la façade. Les toits à double pente, tous orientés dans l’axe long du bâti, étaient rythmés, aux raccordements entre les bâtiments, par des pignons à redents. L’extrémité à dextre de cet ensemble s’achevait par un châtelet rudimentaire, sans tour ni étage, à cheval sur un portail formé d’une porte cochère en plein cintre donnant sur une chambre de herse, et accostée, à droite, d’une porte piétonne.

Dessin à la plume de la commanderie de Ramersdorf (vers 1569). Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Kommende_Ramersdorf3.jpg

Cet alignement de façades constituait le devant de l’enceinte à peu près carrée de la commanderie, qu’un mur ancien fermait par derrière sur ses trois autres côtés. En avant, une fausse braie renforcée des restes de deux bastions signalait la destination autrefois défensive de l’ensemble, dont ils complétaient l’ouvrage. Cet usage propre aux temps de guerre avait été abandonné il y a longtemps, car le bâtiment principal, qui abritait la suite du commandeur, le réfectoire et les salles de réception, recevait désormais le jour, non de meurtrières, mais de grandes fenêtres à meneaux croisés qui avaient plus d’élégance que d’efficacité militaire.

La commanderie de Ramersdorf vers 1700. Gravure de Romeyn de Hooghe. L’illustration permet de reconstituer l’organisation du bâti. Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Ets_met_kasteel_-Unknown20403948-_RCE.jpg

On entrait dans la cour de la commanderie par le portail, en passant sous le châtelet, pour découvrir la chapelle dédiée à Saint-Georges, une petite nef ancienne de quinze pas de long par huit de large, dont le toit à double pente se terminait, côté chœur, sur une croupe ronde, et auquel étaient accostés, du côté du portail, le clocher carré au toit pointu à quatre pentes, et de l’autre côté un clocheton surmontant un contrefort.

La commanderie de Ramersdorf vers 1832, lithographie de Christian Hohe. Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Christian_Hohe_Kommende_Ramersdorf.jpg

L’intérieur de l’enceinte était divisé, dans le sens parallèle à la ligne des bâtiments principaux, par un mur et une seconde série de bâtiments qui séparaient la cour de la chapelle d’avec le jardin potager sis au-delà. Ces bâtiments dédiés à l’exploitation du domaine propre de la commanderie abritaient des logements pour les valets, les écuries, granges, appentis de rangement des outils, faisant de l’ensemble un mélange de château et de cour fermière. L’ensemble était entouré de quelques vergers et vignes. »

La commanderie de Ramersdorf vers 1840, lithographie de Christian Hohe : la chapelle est toujours là. Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Kommende_Ramersdorf_2_Sammlung_Duncker.jpg

Cet extrait devait faire partie du roman, mais a finalement été retiré pour se rapprocher du style d’écriture attendu d’un narrateur du XVe siècle : les récits fictionnels font à cette époque peu de place à des tableaux paysagers. Les lecteurs de notre carnet en ligne ont donc le privilège d’un passage inédit qui décrit l’aspect que devait avoir la commanderie teutonique de Ramersdorf à l’époque où Tilmann y vécut une partie de son adolescence.

La commanderie de Ramersdorf vers 1857, lithographie de Christian Hohe. On identifie au premier plan la fausse braie et les bastions qui faisaient partie de l’ouvrage de défense médiéval. La chapelle a disparu dans l’incendie de 1844. Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Kommende_Ramersdorf_Sammlung_Duncker.jpg

Aujourd’hui, le site est dominé par le château baroque construit au XIXe siècle et transformé en hôtel. Il est pris entre une route et une bretelle d’autoroute, là où s’étendait un paysage de bois, de vergers et de vignes en surplomb du Rhin, en face de Bonn. Mais on peut reconstituer le tableau qu’offrait au tournant des années 1400 une commanderie typique de l’Ordre teutonique, à partir des dessins et tableaux antérieurs à ces transformations.

L’ancienne chapelle de la commanderie de Ramersdorf, actuellement dans le vieux cimetière de Bonn. Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:RKAP1.jpg

La chapelle Saint-Georges a été construite autour de 1230. L’ensemble des bâtiments d’origine doit dater de cette même époque. La première mention de la commanderie date de 1254. Au tournant des années 1400, la fonction défensive des bâtiments, qui ne se justifie plus, a laissé place à des aménagements de confort, comme les fenêtres à meneaux, typiques de la fin du moyen-âge, qui laissent passer davantage de lumière.

En 1844, un incendie ravagea la commanderie. La chapelle, détruite, fut démontée, transférée et reconstituée dans le vieux cimetière de la ville de Bonn en 1846/47, où elle se trouve actuellement. L’épisode permet de dater certaine des illustrations.

Références :

Neu, Heinrich (1937), Die Geschichte der Deutschordens-Kommende Ramersdorf, Bonner Geschichtsblätter, Band I, Bonn.

Neu, Heinrich (1961), Die Deutschordenskommende Ramersdorf. Geschichte eines rheinischen Hauses des Deutschen Ritter-Ordens, Wissenschaftliches Archiv, Bonn.

Pour aller plus loin :

Une série d’images de la commanderie sur Wikimedia Commons